Parce que la cognition est identifiable sur le corps

La Synergologie pourrait être un lexique corporel. Seulement ça. Ce serait vrai si le corps et l’esprit n’étaient pas connectés. Mais encore là, sans mémoire des ressentis que resterait-il ? Heureusement notre corps est un buvard  qui enregistre pensées et sentiments et garde la mémoire de ses expériences. Certaines iront même se coder dans nos gènes à force temps. Un petit enfant finit par marcher même si on ne lui n’apprend pas. Pas un chimpanzé même s’il a grandi avec l’enfant. Ces constatations nous permettent d’aller plus loin.

 

Le crayon et le sourire

Dans une étude amusante, des personnes étaient placées devant un dessin animé. Détail important, certaines tenaient un crayon placé horizontalement entre les dents, pas d’autres. Il s’avéra que les personnes le stylo entre les dents trouvaient le cartoon plus drôle que celles sans crayon dans la bouche (1)  !  Le crayon conduisait à activer les muscles zygomatiques, comme lors du rire, et à l’insu de tous à faire évoluer l’humeur du cerveau. Le corps a une mémoire bien plus utile que ce dont nous avons conscience.

 

Bras tendus ou bras fléchis

Imaginez maintenant que vous tendez un objet dégoûtant à votre interlocuteur, un objet qui aurait traîné dans la saleté. Comment le lui donneriez-vous ? Sans doute du bout des doigts, la main tendue, le plus loin possible de vous. De la même manière, si vous ne voulez pas que quelqu’un s’approche de vous, que faites-vous ? C’est simple, vos bras se crispent et se tendent. À l’inverse, comment faites-vous pour accueillir quelqu’un, et le serrer contre vous ? Vous fléchissez  les bras…

Ces expériences ne sont simplement personnelles, elles renvoient à des ressentis universels. Ils sont même si fortement ancrés en nous que ces ressentis ont été testés dans un environnement émotionnel neutre.  Dans une étude des participants évaluaient la beauté d’idéogrammes chinois en les tenant dans leurs mains. On leur demandait simplement soit de fléchir les bras, soit de les placer en extension en extension. Les résultats ont montré que les bras fléchis les jugements étaient plus positifs que les bras en extension. La distance des bras par rapport à l’idéogramme transformait l’état d’esprit (2).

Donc si le corps de l’un peut être compris par l’autre et si le corps et le cerveau s’influencent mutuellement  l’attitude synergologique cherchant à donner une signification aux gestes a été novatrice, certes, mais elle est logique.

L’observation du langage de chacun est une mine à ciel ouvert car les gestes exploitables à l’observation sont d’ordre universel.

 

Éléments bibliographiques

(1) F. Strack, L. L. Martin et S. Stepper, « Inhibiting and facilitating conditions of the human smile : a nonobtrusive test of the facial feedback hypothesis », Journal of personality and social psychology, vol. 54, no 5, 1988, p. 768.

(2) J. T. Cacioppo, J. R. Priester et G. G. Berntson, « Rudimentary determinants of attitudes : II. Arm flexion and extension have differential effects on attitudes », Journal of personality and social psychology, vol. 65, no 1, 1993, p. 5–17.

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