Face au dualisme, le monisme de l’école Abdéritaine

L’intérêt d’une réflexion approfondie sur le langage du corps dépend d’un élément pivot : l’unification du corps et de l’esprit. En effet, si les deux entités s’avéraient suffisamment unies, ce serait la preuve que le corps exprime les messages de l’esprit et son observation pourrait alors être du plus grand intérêt. Ce qui n’est pas le cas avec l’option dualiste, l’essence de l’être étant plutôt empêchée par le corps.  Or cette voie unitaire porte un nom le monisme. Elle a été fondée par Leucippe et Démocrite représentants de l’école Abdéritaine.

Leucippe (IV ème siècle avant J.C ) est avec son élève Démocrite, le fondateur probable de l’atomisme Selon cette théorie, encore d’actualité aujourd’hui , l’univers est formé de particules les atomes, et de vide. Diogène Laërce (III ème siècle av JC ) écrivît de Leucippe : « Il estimait que toutes les choses sont illimitées et se transforment mutuellement les unes dans les autres, et que l’univers est à la fois vide et rempli de corps. » (1) Vide, corps et mouvement, c’est le cas pour l’Homme et les dieux ne font pas exception.

Aristote dans un texte majeur : De l’âme, décrit les composantes de l’âme, proposées à Démocrite. L’âme est le principe moteur des corps animés, elle est un corps et elle est un intellect. Elle nait avec le corps et marque sa fin avec lui, par la dispersion de ses atomes.

Les atomes de l’âme se trouvent disséminés dans toute la surface du corps humain et produisent l’intellect et les sensations. Elle est donc dans le corps dont elle est la puissance motrice.

L’unité du corps et de l’esprit est une absolue nécessité pour que les micromouvements humains inconscients puissent être interprétés et il y a fort à parier que si les thèses monistes avaient été dominantes , l’intérêt scientifique pour la compréhension et l’interprétation du langage corporel aurait été engagée beaucoup plus tôt. Ce courant a traversé les siècles pour retrouver une nouvelle vigueur avec l’avènement des neurosciences et une conception renouvelée du corps et de l’esprit. Nombre de thèses computationnistes autant que médicales, s’accordant très bien avec des thèses atomistes qui ont traversé le temps et que la physique actuelle ne dément pas.

Après Leucipe et Démocrite,  Épicure et Lucrèce en sont les prochains jalons, bien avant Spinoza qui reprendra nombre de ces thèmes, ils permettront de penser un monisme de la modernité et à ce sillon moniste de traverser le temps jusqu’à nous. Les neurosciences permettront un renouveau scientifique de la relation moniste du corps et de l’esprit.

(1)  Diogenes (Laertius). (1996). Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres. GF-Flammarion.

 

 

 

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