J.D Haynes, Lorsque l’activité du cerveau précède celle de la conscience.

À l’Université de Francfort, John-Dylan Haynes (1) prolonge les travaux de Benjamin Libet(2) , en demandant à des personnes dont le cerveau est observé à l’IRM d’appuyer sur le bouton d’une console lorsqu’ils le décideront. La consigne ne saurait être plus simple.

Dans l’expérience Libet il se passait 1 demi seconde entre le temps où la personne prenait inconsciemment de sa décision et le temps où elle en devenait consciente, J.D Haynes le cerveau observé à l’IRM montre qu’il se passe en près de… 10 secondes lorsque les participants  ne sont pas mis sous pression.  Imaginons cette discussion fictive et surréaliste entre un neurologue et un participant :

– Neurologue : Pourquoi avez-vous mis tant de temps à appuyer sur le bouton ?

– Participant : J’ai agi spontanément.

– Neurologue : Vous dites spontanément, mais moi, ça fait 10 secondes que je le vois sur mon écran.

– Participant : Ce n’est pas possible !

– Neurologue : C’est pourtant la réalité.

Il est assez probable que tous les participants placés dans les mêmes conditions quitteraient le bureau du neurologue en maugréant : « Dix secondes, c’est impossible. Si j’ai dit spontanément, c’est parce que j’ai agi spontanément ! » Ce que les participants à l’expérience ignoraient, c’est que des zones profondes de leur cerveau avaient décidé d’appuyer sur le bouton, mais que les informations n’étaient pas encore accessibles à leur conscience. Les informations  « infusaient » avant de parvenir au sommet du crâne, la partie la plus récente du point de vue de l’évolution. Une fois l’information accessible, la personne appuyait spontanément, mais l’IRM, lui, était éclairé depuis 10 secondes.

Michel Gazanigga relate cette expérience :  «  Le cerveau agissait avant que la personne n’en soit consciente. Non seulement cela mais en voyant le scanner, les chercheurs pouvaient prédire ce qu’elle allait faire. Les implications de ces résultats sont étourdissantes. Si les actions débutent inconsciemment, avant que nous soyons conscients du moindre désir de les faire, alors le rôle causal de la conscience dans la volonté est hors jeu. La volonté consciente, l’idée que vous voulez qu’une action se réalise est une illusion. »(3)

Nous pouvons donc observer des réactions mentales avant que la personne elle-même n’en n’ait conscience. C’est souvent exactement comme cela que ça se passe et c’est une des raisons principales pour lesquelles l’observation du langage du corps est si intéressante, si importante.

(1) Haynes, J. D. (2011). Decoding and predicting intentions. Annals of the New York Academy of Sciences, 1224,9-21. (2) Libet, B., Gleason, C. A., Wright, E. W., & Pearl, D. K. (1993). Time of conscious intention to act in relation to onset of cerebral activity (readiness-potential). In Neurophysiology of consciousness (pp. 249-268). Birkhäuser, Boston, MA</(3) Gazzaniga, M. S. (2013). Le libre arbitre et la science du cerveau. Odile Jacob.(pp 141-142)

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