Constructivisme radical : Feldman-Barrett

Le constructivisme dans sa version la plus radicale considère que notre perception de la réalité est construite par les croyances et le contexte culturel. Selon ce courant de pensée, il n’y a donc pas de connaissance «objective», seulement des interprétations personnelles des expériences.

Pour Lisa Feldmann Barrett, très en pointe sur ces questions,  les émotions n’existent pas, elles ont été créées  par le cerveau qui, lui,  est immergé dans le contexte. Nos réactions sont produites sur une base réflexe et réinterprétées ensuite en termes émotionnels . Mais rien ne dit que nous ne sommes pas en train de nous tromper sur ce que nous ressentons.  L’émotion n’est donc pas à la base du déclenchement de la réaction mais au contraire à sa conclusion, au moment de l’interprétation. La culture et le vocabulaire renforcent encore ce phénomène  car d’un individu à un autre nous pouvons mettre des mots différents sur la même émotion.

Certains types d’émotions existent dans une culture et pas dans une autre. La saudade portugaise ou le Gezelling néerlandais semblent, de l’avis même des  experts faire partie  de ces idiomes linguistiques hautement culturels et donc difficilement traductibles.  Ce qui voudrait dire que ces émotions précises sont des émotions  possiblement inconnues des autres peuples. Dans ce contexte la compréhension des émotions est hautement culturelle et les déplacements faciaux mis hors-jeu.

La critique à faire de cette perspective c’est de ne pas réellement s’intéresser au langage corporel. Le discours est taillé sur mesure pour une  corporéité écartée en vertu du fait que les émotions sont propres à chacun, à chaque culture, chaque cerveau. Cette désertion de la recherche de patterns communs entre langages corporels d’une culture à une autre leur ôte la possibilité d’en trouver.

Le dialogue ne semble pas vraiment possible entre le courant constructiviste très peu intéressé par les questions de langage corporel, et la synergologie simplement parce que les traditions culturelles ont la vie longue, empêchant encore de considérer que le langage corporel soit bien davantage au quotidien un langage cognitif qu’un langage émotionnel.

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