Damasio : de Phinéas Gage aux marqueurs somatiques

A quoi servent les émotions ? Antonio Damasio fait une séries d’observations majeures sur le rôle des processus émotionnels dans les prises de décisions ; et ce à partir de l’observation des lésions cérébrales de Phinéas Gage un chef de chantier; dont le cerveau a été conservé après sa mort, en 1860.

Phinéas Gage avait subi une lésion amygdalienne lors d’un accident de travail duquel il sortit miraculeusement vivant (1848), après qu’une barre de métal lui ait traversé le cerveau de part en part. Ses collègues rapportèrent alors que sa personnalité avait changé. Il était devenu impulsif, indiscipliné et moins apte à organiser le travail de ses collaborateurs ; or les zones lésées étaient principalement des zones émotionnelles.  Les émotions semblaient donc avoir être un élément clé de l’altération de son jugement affectant la prise de décision … rationnelle.

Le cas Phinéas Gage permet de comprendre que les personnes ayant subi des lésions de la partie orbitaire du cortex préfrontal, obtiennent des résultats tout à fait normaux lors des épreuves de Q.I et se montrent en même temps incapables de prendre des décisions rationnelles dans la vie quotidienne.

A partir de ce type d’observation Damasio développe une théorie neurobiologique décrivant le rôle des émotions qui sont absolument nécessaires à la prise de décision : La théorie des marqueurs somatiques.

Selon lui, des réponses physiologiques nous aident à réagir de manière adaptée (fréquence cardiaque, pression artérielle, transpiration…). Ces réponses sont des sensations corporelles indicatrices de l’état émotionnel. Elles sont générées en réponse à une expérience émotionnelle spécifique, et c’est leur rappel qui influencera les processus décisionnels futurs.

Ces signaux nous aident à prendre des décisions en associant des expériences passées, qui ont généré des émotions positives ou négatives. Ainsi, les marqueurs somatiques guident nos décisions vers ce qui est perçu, sur la base de l’expérience passée, comme étant le meilleur choix pour notre bien-être. Cette théorie suggère que la raison et l’émotion ne s’opposent pas nécessairement, mais travaillent ensemble dans le processus de prise de décision.

Nos désirs liés aux émotions sont lisibles et s’incrémentent sur le corps que l’on regarde.

Bechara A., Damasio, H., Damasio, A.R., & Lee, G.P. (1999) : Different contributions of the human amygdala and ventromédial prefrontal cortex to decision-making. The Journal of Neuroscience, 19, 5473-5481.

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