Les petites perceptions chez Leibniz

Leibniz (1646-1716) avec les petites perceptions  émet une idée dont on peut valider scientifiquement depuis 30 ans seulement la justesse. Il détermine grâce à elles ce qu’on appelle aujourd’hui le subliminal, en montrant comment sur le très court terme notre  volonté est hors-jeu dans l’observation.

 

Leibnitz, les petites perceptions et le subliminal

Leibniz  écrit dans Les Nouveaux Essais sur l’entendement humain publiés en 1765 , des perceptions qui naissent à notre insu :

“Aussi avons-nous des petites perceptions nous-mêmes, dont nous ne nous apercevons point dans notre présent état. Il est vrai que nous pourrions fort bien nous en apercevoir et y faire réflexion, si nous n’étions détournés par leur multitude, qui partage notre esprit, ou si elles n’étaient effacées ou plutôt obscurcies par de plus grandes”.(1)

Ces petites perceptions échappant à notre entendement, nous en sommes inconscients au sens strict. La conscience devient dans ce contexte le prolongement de cette pré-conscience. Si nous avons été étourdis par exemple explique-il dans une note de La monadologie (2) c’est parce qu’avant d’avoir été étourdis nous en avons eu des premiers signes que notre cerveau a ignorés.


 

Un exemple synergologique

Cette idée est directement transposable en Synergologie. Elle l’est d’ailleurs. En effet si j’agis en levant mon bras c’est parce que je suis aveugle à des petits mouvements se manifestant dans mon corps avant même que ma décision consciente soit prise. Et c’est l’enregistrement de l’addition de ces petites perceptions par ma conscience qui va déclencher en moi la volonté consciente de lever mon bras.

Cette volonté n’est que l’enregistrement, la prise de conscience d’un mouvement déjà initié intérieurement.

En Synergologie, l’idée des petites perceptions va être fondatrice du questionnement quasi systématique sur la cause des gestes inconscients. Car nous faisons en permanence des gestes dont nous ne prenons jamais conscience si nous ne sommes pas attentifs. Cette attention se déclenchant après-coup.  Ces gestes sont autant de signes qui livrent de très nombreuses informations sur l’attitude de notre esprit.

 

Les neurosciences

Il faudra les neurosciences Benjamin Libet, John-Dylan Haynes, Matthias Brandt, Antonio Damasio, ou John Bargh pour prendre quelques auteurs ou expériences emblématiques, admettre ces idées et faire entrer ces “petites perceptions” dans le champ scientifique  à partir de la fin des années 1960.

 

Éléments bibliographiques

(1) Leibniz, G. W. (1966). Nouveaux essais sur l’entendement humain (p. 293). Paris: Garnier-Flammarion.

(2). Leibniz (1714) La Monadologie Note 23.  (§ 401-403). Donc, puisque réveillé de l’étourdissement on s’aperçoit de ses perceptions, il faut bien qu’on en ait eu immédiatement auparavant, quoiqu’on ne s’en soit point aperçu ; car une perception ne saurait venir naturellement que d’une autre perception, comme un mouvement ne peut venir naturellement que d’un mouvement .. quand il y a une grande multitude de petites perceptions, où il n’y a rien de distingué, on est étourdi ; comme quand on tourne continuellement d’un même sens plusieurs fois de suite, où il vient un vertige qui peut nous faire évanouir et qui ne nous laisse rien distinguer.

data-spy="scroll" data-target=".navbar" data-offset="50" data-top-offset="-70"