“Langage corporel” : le piège d’une métaphore

Le “langage” est dans sa définition la plus consensuelle  : “Tout système de signes permettant la communication”.  Et pour ce qui est de la communication “communiquer c’est transmettre quelque chose à quelqu’un”. Pour communiquer il faut donc être au moins deux.  Langage et communication non verbale sont d’ailleurs quasi-synonymes.

A ce stade le “langage corporel” est une métaphore du conduit selon Lakoff et Johnson (1). A et B sont conduits l’un vers l’autre, le langage corporel de celui qui communique étant associé au langage corporel de celui qui lui répond. Or la métaphore qui rend concrète une idée abstraite, masque en contrepartie une partie de la réalité. C’est le cas de la métaphore “langage corporel”.   Elle masque le fait  que certains signes corporels parmi les plus riches de sens ne relèvent pas du langage et encore moins de la communication.

 

Certains signes du langage corporels ne sont en réalité pas du langage

La métaphore “langage corporel” dit que le corps qui bouge, communique, transmet, partage. Mais nous masquons ici une réalité : le corps bouge pour restaurer son équilibre homéostatique. Lorsque la personne regarde ses ongles machinalement, se gratte, prend un mèche de cheveux dans ses mains, renifle en absence de rhume, etc., elle gère inconsciemment un état interne.  Elle pourrait fair eces gestes même si elle était toute seule. Ils ne  relèvent pas de l’ordre du langage. Regardez la vidéo au dessous :

©Ellen Tube
A la sixième seconde , l’acteur américain auquel on demande d’évoquer son mariage, semble enlever une pellicule ou un cheveu sur son pantalon. Or il n’a même pas regardé le pantalon en question. Ce mouvement violent de type homéostatique lui permet de rester lui, calme et centré sur sa réponse.

Ce mouvement ne relève ni du langage ni de la communication. Il est homéostatique. Il relèvera donc d’une autre gamme d’interprétations.

Critères de reconnaissance des signes qui ne sont pas de l’ordre du langage

L’homéostasie explique les signes corporels que nous faisons en compagnie d’autres personnes  mais également lorsque nous sommes seuls. Cette production corporelle ne relève pas du langage.

Elle n’est pas simplement la justification scientifique de la corporéité non consciente  la plus rigoureuse ou la meilleure, elle est la seule !

Des affects des émotions, pulsions, affects nous traversent en permanence. Des mouvements corporels inconscients nous permettent que réprimer ces affects pour rester bien centrés, concentrés sur nos interactions. Ces signes sont le cœur du travail synergologique. Ils révèlent en les régulant, les états qui nous traversent avec leurs pensées associées.

 

Éléments bibliographiques

1. Lakoff, G., Johnson, M (1985). Les métaphores dans la vie quotidienne. Trad,  Editions de Minuit,

 

 

data-spy="scroll" data-target=".navbar" data-offset="50" data-top-offset="-70"