Un langage enacté chez Varela et Maturana

Francisco Varela et Humberto Maturana développent ensemble cette idée que tout système complexe auto-produit ses propriétés. Des propriétés qui sont imprévisibles au départ. C’est l’émergentisme.

Varela et Maturana se définissent à la fois contre l’approche objectiviste qui pense que le monde est donné, et l’approche subjectiviste qui pense que nous donnons une forme à ce que l’on regarde.  Ils estiment eux, que dés qu’il y a vie, la cognition et le corps produisent ensemble la connaissance. Pour eux la pensée est incarnée, indissociable de la chair.

Dans le champ de la communication, la photo légendée explicite très bien ce phénomène :

Il ne mettent en avant ni l’objet ni le sujet mais les conçoivent dans une relation dynamique dans laquelle ils s’éclairent en bricolant ensemble les conditions de leur développement.

Varela écrit

« Nous proposons le terme d’enaction (de l’anglais to enact : susciter, faire advenir, faire émerger) dans le but de souligner la conviction croissante selon laquelle la cognition, loin d’être la représentation d’un monde prédonné, est l’avènement conjoint d’un monde et d’un esprit à partir de l’histoire des diverses actions qu’accomplit un être dans le monde.” (1)

 

“Il n’y a pas de transmission d’information dans la communication”

Avec Maturana (1994) Varela, développe l’hypothèse contre-intuitive qu’ : « il n’y a pas de transmission d’information dans la communication » (1). Pour eux, parler ne veut pas dire qu’on sera entendu. La communication ne dépend pas de l’information émise, mais de ce que comprend la personne qui la reçoit. L’information n’est pas transmise si la personne ne comprend pas. Et même lorsqu’elle pense comprendre, elle comprend très souvent autre chose.

En Synergologie, la place de choix fait à l’émetteur silencieux reprend le même raisonnement. En interaction, celui qui parle regarde celui qui écoute. Il module consciemment (et le plus souvent inconsciemment) ce qu’il dit en fonction des signaux qu’adresse cet « émetteur silencieux ». La personne qui parle est donc toujours davantage attentive à ce qui peut être compris par l’autre qu’à ce qu’elle dit. Ce mouvement devenant réversible lorsque l’autre prend la parole. L’échange est ainsi l’occasion d’une poïèse ou création de sens co-construit.

La capture d’écran en dessous permet d’illustrer simplement par un regard synergologique cette idée que l’être humain est un corps pensant s’adressant à un autre corps pensant.

Les interactions sont rendues possibles par la collaboration de nos corps, qui se comprennent en se regardant. C’est possible pour Varela, père de la cognition incarnée, parce que “l‘homme est un corps pensant“. En engageant notre corps dans l’action de comprendre l’autre, nous entrons dans son monde par empathie.

 

Éléments bibliographiques

1. Varela, F. Invitation aux Sciences Cognitives , Seuil, 1988
2. p.189 in Maturana, H. R. & Varela, F. J. (1994). L’arbre de la connaissance : Racines biologiques de la compréhension humaine. Paris : Addison-Wesley.

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