Premières conceptions du corps : un langage dualiste

Les traditions intellectuelles naissent sur un terreau épistémologique. De ce point de vue la figure philosophique omnipotente de Platon (428/348 av J.-C.), installe durablement la dualité entre l’âme et le corps. Le dualisme s’impose comme figure de prou de la philosophie occidentale.

 

Le dualisme de l’âme et du corps installé dans la philosophie antique

Pour Platon, l’âme s’autonomise du corps sensible envisagé comme un « bourbier barbare »(1), corruptible. Les intérêts du corps et de l’âme semblant inconciliables : « Le corps est la prison de l’âme ». (Phédon). L’âme est immortelle, éternelle et divine, là où le corps est considéré comme mortel, temporel et changeant. Difficile à travers cette distinction entre le sensible et l’intelligible de voir plus radicale opposition. Le corps est une apparence qui nous détourne de la réalité, et avec lui de la recherche de la vérité.

 

La persistance du dualisme de l’âme et du corps chez les Modernes

De la philosophie antique à la philosophie des Modernes, le dualisme ne se dément pas. Descartes théoricien de la raison des Modernes  conçoit que : « Le corps et l’âme sont deux substances distinctes : en effet, nous pouvons avoir une connaissance claire et distincte de l’une sans avoir besoin de concevoir l’autre » (Descartes, 2009/1644 : 60). ou encore : « Certes j’ai bien tâché de prouver par raison naturelle que l’âme de l’homme n’est point corporelle (…) j’avoue qu’il n’y a que la seule foi qui nous le puisse apprendre” (2). Seule l’âme permet de percevoir l’essence des choses, s’élever vers le bien et atteindre la vérité.

Quel intérêt peut-il y avoir un intérêt à envisager un langage corporel, puisqu’il ne nous dit rien de l’essence de l’être  ?

Les croyances, certitudes, opinions, sens commun, vont se renforcer pendant près de 2500 ans , nous détournant de l’intérêt d’approfondir la voie du langage corporel. Vingt cinq siècles avant notre ère, Il y avait pourtant déjà une autre voie, la voie moniste.

 

Éléments bibliographiques

(1) Platon. La République. Paris : Folio-Essais.
(2) René Descartes, Méditations métaphysiques, Sixièmes réponses.

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