L’approche universaliste de Darwin

Charles Darwin (1809-1882) fonde la théorie de l’évolution en faisant la démonstration que les animaux et les humains sont issus d’une seule espèce. Le paradigme évolutionniste, c’est un bond dans l’approche de la connaissance. Elle provoquera un consensus durable entre chercheurs parce qu’elle est très bien documentée. Au centre de ce paradigme les émotions sont présentées comme centrales dans la communication au sein d’une même espèce.

 

Le rôle des expressions faciales

Les expressions faciales et plus largement corporelles jouent un rôle particulier dans la théorie de Darwin. Car pour lui certaines d’entre elles sont universelles. Elles sont le legs de nos ancêtres animaux, grands singes mais pas seulement. Dans l’expression des émotions chez l’homme et les animaux, il établit même des correspondances à partir de photos.

Il écrit de l”universalité des émotions observées :

“J’ai beaucoup insisté sur ce fait que les principales expressions humaines sont les mêmes dans le monde entier ; j’ai essayé de le démontrer. Ce fait est intéressant : il fournit un nouvel argument en faveur de l’opinion d’après laquelle les diverses races humaines descendent d’une seule et même souche , d’un ancêtre primitif qui devait avoir des organes à peu près semblables à ceux de l’homme , et une intelligence presque aussi grande , antérieurement à l’époque où ces diverses races commencèrent à se constituer “, (Darwin, Ch Expression des émotions chez l’homme et les animaux” p. 391)

 

Le rôle universaliste des émotions

Pour Darwin les émotions sont indispensables  à la survie. Sans cela elles auraient disparu.

Le langage corporel est donc pour lui essentiel à la compréhension mutuelle et aux relations sociales. Ces observations fondatrices de l’éthologie humaine sont défendues par Paul Ekman. Mais en même temps, elles portent le flanc à plusieurs questions légitimes. D’abord celle de savoir si les émotions que Darwin nous propose sont des émotions universelles ou simplement des stéréotypes ?  D’autant que  Darwin est souvent vu comme le promoteur de six émotions de base décrit au moins une vingtaine d’états émotionnels  différents ? (Cf La Table des matières : Darwin, Ch Expression des émotions chez l’homme et les animaux) Faut-il par ailleurs, et c’est le propre de la critique constructiviste, parler d’émotions ou plutôt de réflexes très vite réinterprétés par le cerveau ?

Aujourd’hui, la théorie d’émotions de base est discutée à la fois dans le champ de l’évolutionnisme universaliste et plus encore dans le champ du constructivisme.

 

Communication et adaptation deux idées bien distinctes.

Charles Darwin évoque le rôle des émotions en parlant de communication mais aussi d’adaptation. Ce sont deux idées différentes souvent ramenées à une seule. Ce qui porte préjudice à la compréhension du langage corporel.

La première idée veut que les émotions parce qu’elles sont communicatives sont une forme de langage. C’est sa grande idée. (celle dont les émoticones sont une preuve).

Avec l’adaptation il prédispose à parler d’autre chose. Il ouvre la porte au fait que la production corporelle soit autre chose que du langage. Parler d’adaptation c’était exprimer le fait que les émotions ont un rôle homéostatique. Et que des signes corporels soient homéostatiques donc. Or cette idée quasiment passée sous silence quand on parle de langage corporel, nous occultons de deux faits primordiaux :

– Certains signes corporels ne relèvent pas du langage.
– Certaines émotions pourraient être produites pour brouiller la lecture de nos désarrois en situation de survie.

 

Éléments bibliographiques

Darwin, C. (1877). L’expression des émotions chez l’homme et les animaux.
Darwin, C. (1880). La descendance de l’homme et la sélection sexuelle. Schleicher.

 

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