Une avancée : Le regard constructiviste

Le constructivisme est un mouvement culturaliste qui défend l’idée que les individus construisent leur perception de la réalité  en fonction de leurs expériences et de leur éducation. C’est à dire à partir des  croyances et du contexte culturel. Il n’y a donc pas de connaissance «objective», seulement l’interprétation personnelles d’expériences.

 

Nos émotions n’émergent pas spontanément

Selon les tenants du courant constructiviste,  nos émotions n’émergent pas spontanément. Elles n’ont pas de «primeité universelle ». Elles  sont le résultat des connexions entre nos pensées, nos perceptions, et les réponses physiologiques à nos expériences. Dans leurs versions les plus puristes,  l’universalisme et le constructivisme s’opposent radicalement.

Le courant constructiviste remet en cause une théorie d’émotions de base de type universel. Pour eux, les émotions sont avant tout des constructions psychologiques. Il est donc réducteur de partir de manière basique des déplacements faciaux car une épisode émotionnel particulier est le fait de nombreuses composantes.  Une émotion ne se présente donc jamais seule.

Nous avons coutume de dire, que dans la peur, le cœur s’emballe, les paumes transpirent, le visage exprime la peur, la personne crie et fuit. Mais pour les constructivistes, cette association de signes est davantage l’exception que la règle. Il n’y a pas de modèle standard des émotions, qu’il faut les penser selon une approche plus personnalisée, individualisée, s’attacher à chacun.  Ce qu’on appelle une perspective idiographique.

 

Dans la version constructiviste radicale, les émotions n’existent pas.

Pour Lisa Feldmann Barrett, très en pointe sur ces questions,  les émotions de base n’existent pas, elles ont été créées  par le cerveau qui est immergé dans un contexte. Nos réactions sont des réflexes réinterprétés ensuite en termes émotionnels . Rien ne dit que nous ne sommes donc pas en train de nous tromper sur ce que nous ressentons.  L’émotion n’est donc pas à la base du déclenchement de la réaction mais au contraire à sa conclusion, au moment de l’interprétation.

 

La culture et le vocabulaire renforcent encore ce phénomène

La culture et le vocabulaire renforcent encore ce phénomène  car d’un individu à un autre nous pouvons mettre des mots différents sur la même émotion.

Certaines émotions existent dans une culture et pas dans une autre. La saudade portugaise ou le Gezelling néerlandais semblent, de l’avis même des  experts faire partie de ces émotions difficilement traductibles.  Elles sont possiblement inconnues des autres peuples. Dans ce contexte la compréhension des émotions est hautement culturelle et les déplacements faciaux sont mis hors-jeu.

 

Une critique et une réconciliation nécessaire

Le constructivisme  ne s’intéresse pas réellement au langage corporel.  C’est une critique à lui faire, car la désertion de la recherche de ressemblances (patterns communs)  entre langages corporels d’une culture à une autre ôte évidemment toute possibilité d’en trouver.

Ceci étant l’approche Synergologique est très loin de s’opposer au constructivisme. Car la Synergologie  considère que le langage corporel est bien davantage au quotidien un langage cognitif qu’un langage émotionnel. Et les questions de cognition sont évidemment des questions culturelles.

 

Éléments bibliographiques

(1) Russell, J. A. (2005). Emotion in human consciousness is built on core affect. Journal of consciousness studies, 12(8-9), 26-42.

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