Une avancée : Le regard constructiviste

 

Le constructivisme est un mouvement culturaliste qui défend l’idée que les individus construisent leur perception de la réalité en fonction de leurs expériences et de leur éducation. C’est-à-dire à partir des  croyances et du contexte culturel. Il n’y a donc pas de connaissance «objective», seulement l’interprétation personnelles d’expériences.

 

Nos émotions n’émergent pas spontanément

Selon les tenants du courant constructiviste,  nos émotions n’émergent pas spontanément. Elles n’ont pas de «primeité universelle ». Elles  sont le résultat des connexions entre nos pensées, nos perceptions, et les réponses physiologiques à nos expériences. Dans leurs versions les plus purs,  l’universalisme et le constructivisme s’opposent radicalement.

Le courant constructiviste remet en cause une théorie d’émotions de base de type universel (1). Pour eux, les émotions sont avant tout des constructions psychologiques. Il est donc réducteur de partir de manière basique des déplacements faciaux car une épisode émotionnel particulier est déjà relié dans le cerveau à de nombreuses composantes.  Une émotion ne se présente jamais seule, pure à l’esprit.

Nous avons coutume de dire, que dans la peur, le cœur s’emballe, les paumes transpirent, le visage s’ouvre inconsidérément, la personne crie et fuit. Mais pour les constructivistes, cette association de signes est l’exception plutôt que la règle, et on ne peut pas bâtir un modèle sur des exceptions. Il n’y a donc pas de modèle standard des émotions. Il s’agit de les envisager selon une approche plus personnalisée, individualisée.  Ce qu’on appelle une perspective idiographique.

 

Dans la version constructiviste radicale, les émotions n’existent pas.

Pour Lisa Feldmann Barrett, très en pointe sur ces questions,  les émotions de base n’existent pas, elles ont été créées  par le cerveau qui est immergé dans un contexte (2) . Nos réactions sont des réflexes réinterprétés ensuite en termes émotionnels. Rien ne dit que nous ne sommes donc pas en train de nous tromper sur ce que nous ressentons.  Dans ces conditions, l’émotion ne serait plus à la base du déclenchement de la réaction mais au contraire à sa conclusion, au moment de l’interprétation.

La culture et le vocabulaire renforcent encore ce phénomène

La culture et le vocabulaire renforcent encore ce phénomène  car d’un individu à un autre nous pouvons mettre des mots différents sur la même émotion.

Certaines émotions existent dans une culture et pas dans une autre. La saudade portugaise ou le Gezelling néerlandais semblent, de l’avis même des  experts faire partie de ces émotions difficilement traductibles.  Elles sont possiblement inconnues des autres peuples. Dans ce contexte la compréhension des émotions est hautement culturelle et les déplacements faciaux sont mis hors-jeu.

Une critique et une réconciliation nécessaire

Le constructivisme  ne s’intéresse pas réellement au langage corporel.  C’est une critique à lui faire, car la désertion de la recherche de ressemblances (patterns communs)  entre langages corporels d’une culture à une autre ôte évidemment toute possibilité d’en trouver.

Ceci étant l’approche Synergologique est très loin de s’opposer au constructivisme sur la question des émotions. Le langage corporel est bien davantage au quotidien un langage cognitif qu’un langage émotionnel. Et si le forme de traitement de l’information les stimuli sont évidemment de type culturel.

 

Éléments bibliographiques

(1) How Emotions are Made: The Secret Life of the Brain. Houghton Mifflin Harcourt, 2017

(2) Russell, J. A. (2005). Emotion in human consciousness is built on core affect. Journal of consciousness studies, 12(8-9), 26-42.

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