Nos expressions faciales primaires expriment des émotions. Certes, mais lorsque nous avons dit ça, Qu’avons-nous dit ? Rien. La première question est d’abord de savoir dans quelle mesure elles influencent nos prises de décision ?
De vieilles théories
Jusqu’à une période récente les émotions et la raison étaient deux instances cloisonnées. Les émotions renseignaient alors un niveau d’information et la raison un autre niveau. Elles étaient envisagées séparément un peu comme le sont des couches géologiques. On appelait cette théorie, la théorie du cerveau triumnique de Mc Lean : une couche archaïque l‘archéorcortex, une couche émotionnelle le paléo-cortex et le siège de la raison, le néocortex. Cette théorie s’acclimatait parfaitement de la réflexion dualiste.
Le schéma est séduisant. Pour autant ces trois couches du cerveau sont des couches théoriques, simplement des couches théoriques. Car si l’on découpe un cerveau dans sa verticale, il n’apparait pas trois zones…
Voir autrement le mécanisme de prises de décision
Joseph Ledoux voit le mécanisme de la décision à partir du système amygdalien un petit peu autrement. Il montre que la décision est prise à partir de l’amygdale à la sortie du tronc cérébral, très “en dessous” du cerveau conscient donc.
L’information reçue par les sens est envoyée par voie rapide via l’hippothalamus, en basses fréquences, au plus profond du cerveau. avant que le néocortex par la voie lente, reçoive toute l’information.
Cela signifie que des structures du cerveau sous-corticales, donnent au corps l’ordre d’agir avant que le néo cortex conscient, ait même reçu l’information. Le plus curieux c’est la prise de conscience que les décisions prises à niveau minimal d’informations sont de bonnes décisions. le cerveau conscient se contentant le plus souvent d’avaliser les choix faits dans l’urgence par l’amygdale. Il ne censure pas.
Le paradigme très médiatique de “L’intelligence émotionnelle” n’avait plus qu’à émerger sur la base de ces modes de raisonnement nouveaux fondés sur des observations théoriques.
Le bémol synergologique issu du socio-constructivisme.
Le rôle du tandem hypothalamus-amygdale est fondamental pour comprendre le rôle des émotions. Pour autant l’amygdale n’intervient pas ex nihilo, c’est-à-dire en partant de rien. Elle est préparée à réagir par le cerveau…
Prenons un exemple : Vous êtes dans votre maison avec vos amis réunis dans une autre pièce de la maison. Vous entendez une cuiller tomber sur le carrelage de la cuisine où ils déjeunent. Vous n’êtes pas particulièrement alerté.e par cette situation. En revanche si une petite cuiller tombe dans la pièce d’à côté alors que vous pensez être seul.e chez vous, vous réagissez immédiatement. C’est la même maison, la même pièce, la même petite cuiller, à même heure, avec la même température dans la maison, vous êtes dans la même posture corporelle, mais votre réaction instinctive n’a rien à voir.
L’information n’entre pas dans un cerveau vide. Le cerveau donne un sens à ce qui se passe instinctivement. Ces idées émergent dans la sphère du constructivisme. Elles sont aujourd’hui indispensables à la compréhension du lien corps-esprit et donc de la corporéité.