Penser le corcept

La raison moderne avec le «  Je pense donc je suis » du Discours de la méthode de Descartes impose des idées simples et bien installées. Le cogito  c’est l’idée que le cerveau conscient décide. Et donc que le “non verbal” accompagne le verbal. C’était logique et nous y avons cru quatre siècles.

Le corps avant la pensée

Les idées qui circulent le plus vite sont les idées simples. Des idées pétries par le bon sens. Bachelard dirait plutôt lui  que le bon sens c’est le plus souvent un obstacle épistémologique, qui nous empêche de penser.   Ainsi c’est le bon sens qui nous conduit à croire que lorsque nous bougeons la main, c’est parce que le cerveau en a donné l’ordre. Or cette idée est partiellement juste. Nous oublions là que préalablement à cette action des zones non conscientes du cerveau ont proposé de faire bouger la main.

Ce qu’on appelle la “conscience” n’est  qu’une prise de conscience de messages adressés par des zones non conscientes. Ces choix non conscients se passent sous la boite crânienne dans le cerveau donc, mais à l’insu de la conscience, à partir de zones somato-sensorielles ramifiées au corps.

 

Deux exemples offerts par  le corps

Vous avez froid, vous regardez votre bras et allez vous apercevoir que vous avez la chair de poule. En fait vous aviez déjà la chair de poule avant d’avoir conscience d’avoir la chair de poule. Votre corps s’était déjà refroidi avant d’avoir conscience d’avoir froid … La conscience n’est qu’une prise de conscience. C’est aujourd’hui très clair d’un point de vue scientifique.

Et après ? aurez-vous tendance à dire !

 

Et après ?!

La conscience des pensées est lisible sur le corps avant que la personne n’ait conscience de les avoir éprouvées et de les exprimer. C’est là l’idée du corcept : La pensée naît dans le corps avant de devenir un concept, le corcept précède le concept.(2) Ce qui va signifier que comme le corps montre déjà ce dont la personne n’a pas encore conscience, la personne en face d’elle a les moyens de comprendre ce qu’elle ressent avant elle.  Et elle va  pouvoir anticiper  grâce à la compréhension des messages du corps de l’autre.

 

Éléments bibliographiques

(1) Bachelard, G. (1938). La formation de l’esprit scientifique: contribution à une psychanalyse de la connaissance. Vrin. Réed, 1983
(2) Turchet, Ph (2022) : Le Grand livre de la Synergologie, Ed de l’Homme

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