
L’adage populaire, « Le corps ne ment pas » est largement faux : Le corps ment toujours pour protéger son porteur et il est souvent extrêmement convaincant. Il est préparé à le faire, c’est une question de survie. Le mérite en revient aux zones basales de notre cerveau. Mais la parade du corps est à l’occasion si outrancière qu’elle se fait au détriment même de la personne qu’il est censé protéger et qui se trouve alors très exposée. C‘est le cas ici
Lorsque “Dormir en prison” fait presque rire Carla Bruni-Sarkozy
La réaction de Carla Bruni filmée alors que son époux présentait à la sortie du tribunal sa peine de prison à la presse pour ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Sarkozy-Kadhafi, est un exemple frappant de la capacité du corps à chercher à « faire bonne figure ».
L’échange avec la presse dure 4mns 50 (*). Carla Bruni fait bonne figure. Digne, stoïque ; bouche fermée, elle nous montre des coins de bouche qui ne descendront jamais. Pas question de donner à l’adversaire davantage d’occasion de se réjouir.
Pourtant curieusement à deux reprises Nicolas Sarkozy mentionne le fait de “dormir en prison”. Et à ces deux moments-là, Carla Bruni ouvre la bouche. Ce seront les deux seuls moments en 4 minutes 50 d’interaction avec la presse. La seconde fois un sourire disproportionné marque si ostensiblement son visage qu’on pourrait (à tort) la croire insouciante. C’est ce qu’on appelle en Synergologie ©, une “émotion hétérogène” (**)
Ainsi, alors que le contexte lourd d’une sortie de tribunal suggère la tristesse ou la colère pour la partie perdante, l’affichage d’un sourire absolument crédible de la part de Carla Bruni pourrait nous faire douter à tort de sa compassion. Son corps est si expressif qu’il la met en difficulté. On pourrait tellement croire « le corps qui ne ment pas » qu’on finit par douter de la sincérité de la personne qui l’incarne. Regardez le sourire de la photo lorsque son époux dit : « s’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison… » (03 :46)
La réaction inconsciente du corps dans des situations extrêmes est tout à fait contre-productive.
Un phénomène très loin d’être anecdotique.
Ce phénomène, est loin de relever du détail ou de l’anecdote. Il peut avoir des conséquences importantes, notamment dans les enquêtes sur les agressions sexuelles.
De nombreux policiers et policières rapportent qu’au moment de leur déposition, les plaignants.es affichent des sourires involontaires et démesurés. Même si les spécialistes de l’enquête ne doutent pas de la douleur et de la véracité de l’agression (et que des preuves confirmeront souvent leurs dires), le visage des victimes sourit pendant qu’elles témoignent de faits graves. Ce sourire est inconscient et ne leur apporte aucun avantage (bien au contraire). Il est donc nécessaire de se former pour apprendre à observer ce phénomène et à dépasser les réactions stéréotypées qu’il pourrait engendrer.
Avant que la question nous soit posée :
Et si Carla Bruni était finalement heureuse que son mari aille « dormir en prison » ?
Le fait qu’elle sourit aussi nettement, montre que c’est absolument impossible. Si l’ex première dame avait été satisfaite de cette situation, son visage aurait témoigné d’une tristesse, outrée. Car il n’aurait pas été question que le plaisir se voit.
(**) Une émotion hétérogène correspond à une expression faciale illogique. C’est l’exact, contraire d’une micro expression, le corps montre exactement le contraire de ce que la personne ressent réellement. Turchet, Ph : Le Grand Livre de la Synergologie, Ed de l’Homme, 2021.